La zone de gestion intégrée de l’eau (ZGIE) Gaspésie-Sud est bordée au sud par la baie des Chaleurs et au sud-est par le golfe du Saint-Laurent, tandis que sa limite nord se termine dans l’extrémité nord de la chaîne des Appalaches. Les plus hauts sommets, comme le mont Albert (1 154 m), se retrouvent dans les monts Chic-Chocs et McGerrigle, localisés dans la partie nord de la péninsule. La région est également caractérisée par la présence d’une plaine côtière le long de la baie des Chaleurs dont l’altitude est généralement inférieure à 150 m (FAPAQ, 2002). La figure 3 présente la localisation de la ZGIE Gaspésie-Sud. Les bassins versants principaux ainsi que les municipalités régionales de comté (MRC) sont aussi indiqués.
Présentation générale de la zone de gestion intégrée de l’eau par bassins versants
Superficie totale de la zone (km2) : 12 170
- Nombre de bassins versants :
- Niveau 1 : 49
- Niveau 2 : 301
- Niveau 3 : 387
Milieu naturel
- Nombre de lacs estimé : 1 703
- Longueur totale de cours d’eau estimée (en km) :
- Permanent : 7 280
- Intermittent : 19 515
- Total : 26 795
- Superficie de milieux humides (km2) : 497,87 (4,1 % de la zone)
Milieu humain
- Population estimée habitant dans la zone : 44 574
- Superficie de la zone agricole (km2) : 562 (4,6 % de la zone)
- Superficie du territoire forestier (km2) : 11 702 (96,2 % de la zone
- Superficie d’aires protégées (km2) : 1 321 (10,8 % de la zone)
- Réseau routier (km) :
- Route pavée : 834
- Voirie forestière : 16 172
- Total : 24 245
Faits saillants présentant l’environnement naturel et hydrique
Réseau hydrographique
La ZGIE Gaspésie-Sud contient 49 bassins versants de niveau 1 qui se drainent directement dans la baie des Chaleurs ou dans le golfe du Saint-Laurent (MELCCFP, 2018a). Le bassin versant de la rivière Cascapédia (3 140 km2) est le plus important, suivi par celui de la rivière Bonaventure (2 374 km2), de la Petite rivière Cascapédia (1 447 km2) et de la rivière Nouvelle (1 185 km2). Il y a un total de 301 bassins versants de niveau 2, aussi nommés sous-bassins versants, ainsi que 50 bassins résiduels (436 km2).
Le relief accidenté des bassins versants et la forte perméabilité des formations sédimentaires ont une influence sur la configuration du réseau hydrographique. En conséquence, celui-ci est composé de peu de lacs et de milieux humides, mais d’une grande abondance de cours d’eau. Selon les données de la Géobase du réseau hydrographique du Québec, le territoire renferme 7 280 km de cours d’eau permanents et 19 514 km de cours d’eau intermittents, dont 11 rivières à saumon (790 km) (MRNF, 2019a). Neuf de ces onze rivières à saumon sont encadrées par des territoires fauniques structurés (MELCCFP, 2023a) (voir annexe 3).
L’embouchure des rivières de la zone est souvent propice au développement de marais côtiers et peut, en présence de zones de dépôts de sédiments et de particules, créer des barachois. Un barachois est un écosystème particulièrement productif, dont la disponibilité en matières nutritives favorise le développement de nombreuses espèces animales et végétales. Avec une superficie de 1 100 hectares et doté d’une barre de sable de 5,8 km, le barachois de Malbaie est le plus vaste de ces milieux de la ZGIE (Tremblay, 2002).
Le territoire comprend 1 703 lacs, mais seulement 104 d’entre eux ont une superficie supérieure à 5 ha (0,05 km2). Le lac des Sept Îles (1,90 km2) ainsi que le lac Cascapédia (1,43 km2) sont les plus grands lacs de la zone (MRNF, 2019a).
Milieux humides
Les milieux humides ne représentent que 4,1 % de la ZGIE Gaspésie-Sud, comparativement à une moyenne québécoise de 10 % (MELCCFP, 2018b). Ceux-ci sont principalement concentrés dans les parties basses et municipalisées du territoire, dont particulièrement entre la municipalité de Caplan et la ville de Chandler. Les milieux humides sont divisés en quatre catégories, soient les marécages, les tourbières, les eaux peu profondes et les marais (voir annexe 4).
Les marécages sont caractérisés par un sol minéral et une couverture ligneuse arbustive ou arborescente couvrant plus de 25 % de leur superficie (Lachance et al., 2021). Ils représentent à eux seuls 62,4 % des milieux humides de la ZGIE. Parmi ce type de milieux humides, 89 % d’entre eux ont une couverture dominée par la strate arborescente (marécage arborescent) (MELCCFP, 2018b).
Les tourbières sont des sites caractérisés par une accumulation de matière organique et la présence d’une nappe phréatique près ou au-dessus du niveau du sol (Lachance et al., 2021). Dans la ZGIE, 31,8 % des milieux humides sont de ce type (MELCCFP, 2018b).
Les eaux peu profondes, aussi appelées étangs, sont caractérisées par un niveau d’eau inférieur à 2 m en période d’étiage ainsi qu’une végétation typique dominée par la présence de plantes flottantes ou submergées. Elles regroupent aussi les sites en bordure d’un lac, d’une rivière ou d’un golfe qui présentent les caractéristiques d’un étang. Les étangs vernaux, des plans d’eau saisonniers généralement sans lien hydrologique qui subissent des assèchements récurrents, font aussi partie des eaux peu profondes (Lachance et al., 2021). Les eaux peu profondes regroupent 4,25 % des milieux humides de la zone (MELCCFP, 2018b). Cependant la localisation et la superficie des étangs vernaux sont peu connues. En effet, puisque ceux-ci ne développent pas toujours les caractéristiques des milieux humides, il peut être difficile de les reconnaître et d’assurer leur protection, malgré leur grande importance pour plusieurs espèces fauniques, telles que les grenouilles et les salamandres (Richard et Ouellet, 2015).
Les marais sont des terrains inondés de façon permanente ou saisonnière et dominés par une végétation non ligneuse (Lachance et al., 2021). Seulement 0,6 % (28) des milieux humides de la zone sont de ce type, dont 26 d’entre eux sont des marais côtiers (MELCCFP, 2018b). Ceux-ci sont donc influencés par la salinité et les marées.
Eaux souterraines
En Gaspésie, les zones aquifères seraient situées notamment dans des dépôts de surface et dans des unités rocheuses composées de calcaire, de grès ou de conglomérats. Ce type de dépôts de surface, constitués de sable et de gravier, forme des complexes aquifères à fort potentiel. Ceux-ci se retrouvent entre autres sur les territoires des MRC Avignon et de Bonaventure, de Saint-Omer à New Richmond. Il faut souligner que le secteur de la Baie-des-Chaleurs est, de manière significative, constitué de nappes dont la vulnérabilité est jugée de moyenne à élevée (MENV, 1999). Comme les eaux souterraines sont un maillon important du cycle de l’eau, l’écoulement de ces eaux alimente les cours d’eau, les lacs et les milieux humides, de façon à garantir un certain niveau d’eau toute l’année, même par temps sec. La survie d’espèces comme l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) et le saumon atlantique (Salmo salar) est étroitement liée à l’apport en eau souterraine pour le maintien de leur habitat et de la qualité de l’eau.
Climat
La région gaspésienne est sous l’influence d’un climat de type « continental humide ». Le secteur de la Baie-des-Chaleurs profite d’un microclimat généré par la présence de la baie des Chaleurs au sud et de l’effet de « palissade » créé par la chaîne de montagnes appalachiennes plus au nord. Les territoires côtiers appartiennent à la zone tempérée moyenne qui est caractérisée par un climat frais et pluvieux et des hivers relativement rigoureux. L’influence maritime atténue cependant les écarts de température, particulièrement dans la plaine côtière. Les données moyennes de la température quotidienne et des précipitations provenant de trois stations météorologiques d’Environnement Canada sont présentées au tableau 2.
Une grande variété de végétation est retrouvée sur la péninsule gaspésienne. Celle-ci est conditionnée par le climat, la géologie et le relief. La ZGIE est néanmoins séparée en deux grands domaines bioclimatiques, soit la sapinière à bouleau blanc et la sapinière à bouleau jaune. Le domaine de la sapinière à bouleau blanc occupe 64 % (7 830 km2) du secteur nord de la zone (MRNF, 2016a). Ces forêts sont dominées par des peuplements de sapin baumier (Abies balsamea) et d’épinette blanche (Picea glauca), mélangés à des bouleaux blancs (Betula papyrifera). La tordeuse des bourgeons de l’épinette est la principale nuisance affectant la dynamique forestière, mais le feu y joue aussi un rôle important (MRNFP, 2003). Pour sa part, le domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau jaune occupe 4 339 km2 de la côte sud de la ZGIE et est caractérisé par des peuplements de bouleaux jaunes et de résineux, comme le sapin baumier, l’épinette blanche et le thuya occidental (Thuja occidentalis).
Tableau 2.Conditions météorologiques mesurées pour trois stations météorologiques de la péninsule gaspésienne de 1981 à 2010 (Environnement et ressources naturelles, 2023)
Stations | Altitude (m) | Température moyenne quotidienne (° C) | Précipitations (mm) | ||||
Janvier | Juillet | Année | Pluie (mm) | Neige | Total | ||
Nouvelle | 7 | -12,3 | 17,9 | 3,7 | 693,3 | 220,5 | 913,3 |
Caplan | 23 | -11,3 | 17,8 | 4 | 746,4 | 211,5 | 956,7 |
Gaspé | 34 | -11,6 | 16,8 | 3,1 | 779,2 | 371,8 | 1 135,1 |
Flore
(Environnement et ressources naturelles, 2023)
Espèces floristiques à statut précaire
Le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec rapporte la présence de neuf espèces floristiques menacées ou vulnérables sur l’ensemble du territoire Gaspésie-Sud. De plus, 15 espèces végétales repérées sur le territoire sont susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec (MELCCFP, 2022a). La plupart de celles-ci se retrouvent dans les secteurs subalpins et alpins des monts Chic-Chocs, sur les escarpements calcaires aux abords de la mer, sur les serpentines de l’intérieur du territoire, sur les rives des grandes rivières de la Baie-des-Chaleurs ou encore dans les tourbières réparties sur le territoire (Petitclerc et al., 2007). Une liste complète des espèces à statut précaire est présentée à l’annexe 5.
Espèces floristiques exotiques envahissantes
Dans la dernière décennie, plusieurs nouvelles mentions d’espèces exotiques envahissantes et préoccupantes ont été signalées dans la ZGIE. Ainsi, parmi les 18 espèces prioritaires qui sont identifiées par le MELCCFP, la zone en compte quatre : la renouée du Japon (Reynoutria japonica), le roseau commun (Phragmites australis supsp. australis), la berce commune (Heracleum sphondylium) et l’impatiente glanduleuse (Impatiens glandulifera) (MELCCFP, 2019a). Des espèces susceptibles de dégrader les milieux humides et hydriques ont aussi été détectées à proximité de la ZGIE et sont à risque de se répandre dans le sud de la Gaspésie, soit le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum), l’hydrocharide grenouillette (Hydrocharis morsus-ranae), la renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis) et la berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) (MELCCFP, 2019a).
Faune
Ichtyofaune
Ce sont 25 espèces de poissons qui ont été répertoriées dans les cours d’eau et les lacs de la ZGIE . Parmi ces espèces, certaines d’entre elles sont d’un intérêt particulier pour la pêche sportive, comme le saumon atlantique, l’omble de fontaine, le bar rayé (Morone saxatilis) et l’éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax). Dans les années 1980 et 1990, la population de saumon atlantique a connu une baisse d’effectifs particulièrement marquée chez les grands saumons, soit les individus de plus de 63 cm (MFFP, 2016). Leur abondance s’est stabilisée depuis les années 2000, mais la population n’a pas regagné ses niveaux historiques, et ce malgré l’arrêt de la pêche commerciale et une augmentation de la remise à l’eau des grands saumons capturés lors de la pêche sportive. La population de l’omble de fontaine anadrome, c’est-à-dire qui migre des rivières vers les zones côtières, montre des tendances vers la baisse dans les rivières présentement suivies (Nouvelle, Petite rivière Nouvelle, Cascapédia, Petite rivière Cascapédia, Petite rivière Cascapédia Est, Petite rivière Cascapédia Ouest, Bonaventure, Port-Daniel) (MFFP, 2020).
Deux espèces de poissons d’eau douce sont aussi sur la liste des espèces à statut. L’omble chevalier oquassa (Salvelinus alpinus subsp. oquassa), une espèce privilégiant les eaux froides et profondes, est considérée vulnérable au Québec. En Gaspésie, il est retrouvé en altitude dans certains lacs du parc de la Gaspésie, de même que dans trois lacs au sud de la région, soit le lac Harriman, le lac Pabos et le lac des Sept Îles (MFFP, 2013). L’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata), considérée comme étant susceptible d’être désignée comme menacée ou vulnérable, fréquente la majorité des bassins versants du territoire (CIC, 2008). Une liste complète des espèces à statut précaire est présentée à l’annexe 6.
Mollusque
Les moules d’eau douce, communément appelées mulettes, sont aussi présentes dans la ZGIE Gaspésie-Sud. Selon le MELCCFP, trois espèces ont été identifiées sur le territoire : la mulette-perlière de l’Est (Margaritafera margaritafera), l’anodonte de l’Est (Pyganodon cataracta) et l’anodonte de Terre-Neuve (Pyganodon fragilis) . La mulette-perlière de l’Est est actuellement sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables et elle est présente dans la rivière de l’Anse-aux-Canards dans la ville de Chandler.
Herpétofaune
Selon les données de l’Atlas des amphibiens et des reptiles (2023) et du MELCCFP (2022a), la ZGIE recense cinq espèces de salamandres, sept espèces d’anoures et deux espèces de couleuvres . Deux espèces de tortues, la tortue serpentine (Chelydra serpentina) et la tortue à oreilles rouges (Trachemys scripta), ont aussi été déclarées sur la ZGIE, mais ces mentions sont rares. La grenouille des marais et la couleuvre à collier du Nord sont susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables au Québec.
Faune aviaire
Tandis que plus de 300 espèces d’oiseaux ont déjà été observées sur la ZGIE, l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec (2023) identifie 173 espèces qui nichent dans la péninsule gaspésienne. Seize espèces qui nichent ou utilisent le territoire Gaspésie-Sud, dont plusieurs sont reliées aux milieux humides et hydriques, possèdent un statut particulier, notablement l’hirondelle de rivage (Riparia riparia), l’arlequin plongeur (Histrionicus histrionicus), le moucherolle à côté olive (Contopus cooperi), le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), le bruant de Nelson (Ammospiza nelsoni), le râle jaune (Coturnicops noveboracensis), le hibou des marais (Asio flammeus) et le quiscale rouilleux (Euphagus carolinus).
Mammifère
La ZGIE Gaspésie-Sud est dans l’aire de répartition de 47 espèces de mammifères terrestres dont plusieurs ont un potentiel pour la chasse et le piégeage (MELCCFP, 2021a), notamment trois espèces de grande faune, une espèce de petit gibier et 14 espèces d’animaux à fourrure. Trois espèces menacées de mammifères sont aussi sur le territoire Gaspésie-Sud, dont le caribou des bois écotype montagnard (Rangifer tarandus), la chauve-souris nordique (Myotis septentrionalis) et la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus), tandis que six espèces sont susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables (MELCCFP, 2022a) (voir Annexe 6).
Espèces fauniques exotiques envahissantes
Une espèce de mollusque, la moule zébrée (Dreissena polymorpha), est présente dans le lac Témiscouata et est susceptible de se répandre dans les plans d’eau de la ZGIE (MELCCFP, 2019a). Deux espèces de gastéropodes, la vivipare chinoise (Cipangopaludina chinensis) et la vivipare géorgienne (Viviparus georgianus), ont aussi été détectées en 2022 et 2023 dans le lac Matapédia (OBVMR, 2023). Ces espèces peuvent avoir un impact significatif sur la biodiversité et provoquer des dommages importants dans les systèmes de prise d’eau (MELCCFP, 2019a ; OBVMR, 2023).
Faits saillants sur l’occupation et l’usage du territoire
La ZGIE Gaspésie-Sud se retrouve à 83 % dans la région administrative Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine tandis que 17 % du secteur, représenté exclusivement par des Territoires non organisés (TNO), est situé dans la région administrative du Bas-Saint-Laurent (17 %) (MRNF, 2018a). La ZGIE Gaspésie-Sud touche les sept municipalités régionales de comté (MRC) suivantes : Matane, Matapédia, Avignon, Bonaventure, Rocher-Percé, Côte-de-Gaspé et Haute-Gaspésie. Au total, ce sont 24 municipalités, 9 territoires non organisés (TNO) et 1 communauté autochtone qui se trouvent sur le territoire Gaspésie Sud. Le secteur municipal longe tout le littoral de la baie des Chaleurs et du golfe du Saint-Laurent, de la municipalité de Nouvelle à la localité de Barachois de la ville de Percé. Les terres publiques représentent 72 % de l’ensemble de la ZGIE Gaspésie-Sud. Majoritairement forestières, celles-ci sont localisées dans le nord de la zone.
Démographie
Afin d’obtenir un portrait plus réel de la taille de la population de la ZGIE Gaspésie-Sud, les localités dont les noyaux de population se trouvent à l’extérieur des limites du territoire et que moins de 10 % de leur superficie sont incluses dans le territoire n’ont pas été considérées. Il s’agit de Pointe-à-la-Croix (0,59 %), Escuminac (7,70 %) et Gaspé (1,81 %). Les TNO, étant des territoires publics n’accueillant que quelques résidents, sont aussi exclus du calcul de la taille de la population de la ZGIE. Ainsi, la population estimée de la ZGIE en 2023 est de 44 574 habitants, répartie dans 21 municipalités et une communauté autochtone. La plus grande ville de la ZGIE est Chandler, avec 7 405 habitants, suivie par Carleton-sur-Mer (4 190 habitants), New Richmond (3 873 habitants) et Grande-Rivière (3 427 habitants) (MAMH, 2023). La densité de la zone municipalisée de la ZGIE, d’une superficie de 3 142 km2, s’élève à près de 14 habitants/ km2.
Depuis 2001, la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine connaît un taux d’accroissement naturel négatif. Pour une période allant de 2012 à 2022, ce taux avait une moyenne annuelle de -39 dans la MRC Avignon, de -42 pour la MRC de Bonaventure et de -114 pour MRC du Rocher-Percé (ISQ, 2023). En revanche, depuis 2017, la Gaspésie connaît un taux net de migration interrégionale positif, avec des gains moyens pour la période de 2012 à 2022 de 0,44 % (70 personnes) pour la MRC Avignon, de 0,16 % (30 personnes) pour la MRC de Bonaventure et de 0,23 % (40 personnes) pour la MRC du Rocher-Percé (ISQ, 2023). La période 2020-2021 a été particulièrement marquée par un mouvement migratoire vers la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, avec un taux record de 1,5 % et un gain de 724 personnes à travers les trois MRC de la ZGIE (ISQ, 2021a).
L’Institut de la statistique du Québec prévoit un accroissement de la population du Québec de 10,6 % d’ici 2041, mais une baisse de 4,0 % pour la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. Ceci serait accompagné par un vieillissement de la population, dont la tranche d’âge de 65 ans et plus passerait de 28,6 à 38 % pour la région, et de 19,7 % à 26 % pour l’ensemble du Québec (ISQ, 2021b).
Conditions socioéconomiques
Le taux de chômage en Gaspésie est le plus élevé du Québec. En 2023, la Gaspésie enregistrait des taux de chômage variant entre 5,7 % et 9,5 %, comparativement à une moyenne québécoise variant de 4,0 à 4,9 % (ISQ, 2024). Ceci est cependant une amélioration notable comparativement aux taux observés dans le passé, alors que celui-ci dépassait 20 % au début des années 2000 (Statistiques Canada, 2023). La baisse du taux de chômage est notamment attribuable à une augmentation du nombre de personnes à la retraite puisque le nombre d’emplois à temps plein dans la région est passé de 36 600 en 2010 à 30 900 en 2020 (ISQ, 2021a).
Le secteur primaire s’impose toujours au sein de l’économie de la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. En effet, il représentait en 2022 6,5 % des emplois, soit près de trois fois le taux du secteur primaire au Québec (2,4 %) (MEIE, 2023). Le secteur tertiaire domine cependant la part des emplois, avec un taux de 79,6 % (79,2 % au Québec), tandis que le secteur secondaire est moins important que celui observé au Québec, avec des taux respectifs de 7,6 % contre 11,4 % (MEIE, 2023).
Utilisation du territoire
Industrie forestière
Dans la ZGIE Gaspésie-Sud, l’industrie forestière occupe une grande place dans les activités qui y sont exercées. Le territoire forestier couvre 96 % de la zone (11 702 km2), dont 35 % (4 249 km2) du territoire a fait l’objet d’une intervention forestière entre 1976 et 2021 (MRNF, 2017a, MRNF, 2017b). Parmi cette superficie, 3 463 km2 (82 %) des interventions ont été réalisées sur les terres du domaine public (MRNF, 2017b).
Exploitation forestière en terre publique
Le 1er avril 2013, la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier (LADTF) est entrée en vigueur, visant notamment à favoriser l’aménagement écosystémique de la forêt et à assurer une gestion intégrée des ressources et du territoire (MFFP, 2023a). L’aménagement écosystémique permet d’assurer le maintien de la biodiversité et la viabilité des écosystèmes en diminuant les écarts entre la forêt aménagée et la forêt naturelle. En 2018, le Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État (RADF) a introduit plusieurs nouvelles mesures qui viennent améliorer les normes reliées aux ouvrages de traverses de cours d’eau, la gestion des eaux de ruissellement et les lisières qui doivent être respectées avec les milieux hydriques (MFFP, 2023b). En réponse aux nouvelles normes forestières, la LADTF a aussi créé des aires d’intensification de la production ligneuse (AIPL) (MRN, 2013). Cette mesure vise à augmenter ou à valoriser la production ligneuse dans les superficies visées. Dans la ZGIE, 128 AIPL sont identifiées, couvrant 1 444 km2 (MRNF, 2016b).
Plusieurs enjeux spécifiques à la foresterie en Gaspésie sont assujettis à des mesures de mitigation, notamment de VOIC (valeurs, objectifs, indicateurs, cibles), élaborées par l’entremise de consultations publiques et de la Table de gestion intégrée des ressources et du territoire. Par exemple, le VOIC traitant de l’enjeu « Qualité du milieu aquatique » intègre une mesure limitant le déboisement dans un même bassin versant afin d’éviter une augmentation des débits de pointe (MNRF, 2023). Ainsi, le calcul de l’aire équivalente de coupe ne peut pas dépasser 50 % dans les sous‐bassins versants de plus de 10 km2 (Desrosiers et al., 2011).
Exploitation forestière en forêt privée
Les forêts privées du territoire Gaspésie-Sud comptent pour 2 216 km2 de la superficie de la ZGIE, soit 18 % de la zone (MRNF, 2017a). Entre 1976 et 2021, 648 km2 (29 %) ont fait l’objet d’une intervention forestière. Les terres publiques intramunicipales forestières représentent quant à elles 361 km2, ce qui correspond à 3 % de la zone (MRNF, 2018b). Deux groupements forestiers opèrent sur le territoire, soit le Groupement forestier coopératif Baie des Chaleurs dans les MRC de Bonaventure et Avignon, ainsi que le Groupement forestier Rocher-Percé inc. Ceux-ci sont accrédités par l’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées de la Gaspésie-Les-Îles (AFOGÎM). Cette agence est notamment responsable de la réalisation du Plan de protection et de mise en valeur des forêts privées, un outil qui contribue à identifier les enjeux et à assurer la durabilité de la ressource en bois sur les terres privées (AFOGÎM, 2017). Une mise à jour de ce document a eu lieu en 2017 avec l’identification de 12 enjeux prioritaires pour la région, dont la protection des eaux et des milieux aquatiques ainsi que la présence d’espèces à statut précaire (AFOGÎM, 2017).
Le Syndicat des producteurs de bois de la Gaspésie (SPBG) est un organisme à but non lucratif représentant les intérêts des propriétaires de forêts privées dans la région. Dans la dernière décennie, le SPBG a œuvré pour permettre l’adhésion de ses membres à la certification FSC. Celle-ci vise à permettre une récolte durable, notamment par une réduction des impacts sur la ressource en eau (chemins minimisant l’érosion, réduction de l’ampleur de la voirie forestière, respect de zones tampons riveraines), à un maintien de la structure naturelle de la forêt et une protection des espèces à statut précaire (Rainforest Alliance, 2014).
Industrie minière
Le gouvernement du Québec a accordé plusieurs droits miniers sur le territoire gaspésien. En date du 1er décembre 2023, 2 508 claims miniers étaient actifs sur la ZGIE, couvrant une superficie de 1 362,7 km2 (GESTIM, 2023). Il y a plusieurs gravières et sablières sur le territoire, particulièrement dans le secteur de New Richmond et de Chandler (MFFP, 2021). Plusieurs territoires sont aussi soustraits à l’exploration minière, dont les réserves écologiques, les aires de captage d’eau souterraine et, de façon temporaire, les refuges biologiques. En 2020, des Territoires incompatibles avec l’exploitation minière (TIAM) ont aussi été identifiés et intégrés aux schémas d’aménagement de la MRC Avignon, la MRC de Bonaventure et la MRC de Rocher-Percé, ce qui représente 1 699 km2 de la ZGIE.
Une cimenterie opère depuis 2017 dans la municipalité de Port-Daniel-Gascons. L’exploitation du gisement de calcaire pourrait s’étendre sur 100 ans et cette usine a une capacité de production annuelle de 2,3 millions de tonnes métriques de ciment (Gouvernement du Québec, 2017). Depuis le commencement de ses opérations, plusieurs infractions environnementales ont été émises envers l’usine, dont l’émission de poussières et de contaminants atmosphériques ne respectant pas les normes auxquelles l’industrie est soumise (Shields, 2022). Un Comité de suivi environnemental, instauré en 2015, a pour mission d’assurer le respect des engagements environnementaux de la cimenterie.
Aires protégées et territoires d’importance pour la conservation
Les aires protégées enregistrées de la ZGIE couvrent une superficie de 1 321 km2, soit 10,8 % de la zone (MELCCFP, 2018c). Ceci inclut 248 km2 du parc national de la Gaspésie, un habitat essentiel du caribou des bois écotype montagnard. Certaines initiatives visent à étendre l’habitat essentiel de cette espèce, notamment dans le haut des bassins versants de la rivière Cascapédia, de la Petite rivière Cascapédia et de la rivière Bonaventure. La ZGIE contient aussi 11 écosystèmes forestiers exceptionnels (7,2 km2) ainsi que 3 réserves écologiques (194 km2), dont la réserve écologique de la Grande-Rivière. Couvrant à elle seule 184 km2, celle-ci est la troisième plus grande réserve écologique du Québec. Elle abrite plusieurs habitats floristiques importants grâce à la nature calcaire du sol et protège le bassin versant de la Grande Rivière (MELCC, 2022). En 2023, un nouveau territoire de 368,4 km2 a aussi été mis en réserve dans le bassin versant de la rivière Cascapédia (MELCCFP, 2018c). Les aires protégées comprennent 4,7 % des milieux humides de la zone, soit 23,49 km2.
Villégiature
La ZGIE Gaspésie-Sud compte 824 baux administrés par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF, 2019b), dont 565 baux de villégiature et 100 baux pour des abris sommaires. Plusieurs baux de villégiature sont installés près de plans d’eau, dont 22 % (125 baux) sont à moins de 100 m d’un lac et 108 à moins de 100 m d’un cours d’eau permanent (MRNF, 2019b).
Agriculture
Sur la ZGIE, la zone agricole est d’une superficie de 562 km2, soit 4,6 % du territoire. Selon les données du MAPAQ, la ZGIE compte 8 074 ha de superficie végétale en production, répartie entre 29 producteurs dans le secteur Est de la MRC Avignon, 82 producteurs dans la MRC de Bonaventure et 27 producteurs dans la MRC du Rocher-Percé. Parmi ces superficies, 27 % d’entre elles visent la production des céréales et des oléoprotéagineuses, 66 % sont cultivées pour le fourrage et le pâturage. Seulement 6 % de ces superficies cultivées produisent des fruits et légumes, comme les pommes de terre, et ces cultures sont principalement concentrées entre Bonaventure et New Carlisle (MAPAQ, 2014). La ZGIE compte également 3 858 unités animales, dont 2 388 bovins de boucherie, 755 bovins laitiers, 512 ovins et caprins, et 201 autres unités animales (MAPAQ, 2014).
Matières résiduelles
Le territoire ne possède qu’un site d’enfouissement sanitaire autorisé en opération. Il s’agit du Lieu d’enfouissement technique (LET) de Saint-Alphonse, qui dessert l’ensemble de la population des MRC Avignon et de Bonaventure. Les municipalités de la MRC du Rocher-Percé, quant à elles, acheminent leurs matières résiduelles vers le LET de Gaspé, situé hors des limites du territoire (MENV, 2015).
Accès au territoire
Le réseau routier du territoire Gaspésie-Sud est fortement développé, totalisant plus de 24 245 km de chemins. Il comprend 19 638 km de routes carrossables (81 %), soit utilisables de façon sécuritaire par des véhicules. Parmi ce réseau, 16 172 km (67 %) servent à l’industrie forestière (MRNF, 2018c). En revanche, 834 km de routes sont pavées, soit 3,5 % du réseau.
Les sentiers de véhicules hors route incluent un réseau de 1 228 km gérés par la Fédération québécoise des Clubs Quads, répartis en sept clubs distincts, tandis que 1 031 km de sentiers relèvent de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec, touchant neuf clubs différents (MRNF, 2018c).
Une voie ferrée traverse tout le territoire Gaspésie-Sud sur une distance de 257 km en longeant le littoral (MRNF, 2018c). Elle traverse régulièrement la route 132 en reliant toutes les agglomérations côtières. La dégradation de l’état du réseau ferroviaire a occasionné une interruption de service et, pour des raisons de sécurité, les trains de passagers ne circulent plus depuis 2013 (Tanguay, 2023). En mai 2015, le gouvernement du Québec a fait l’acquisition de ce tronçon ferroviaire et, depuis 2017, procède à sa remise à niveau. Après la réalisation de plusieurs travaux, les trains commerciaux ont commencé à circuler jusqu’à Caplan et le gouvernement souhaite un retour des trains passagers jusqu’à Gaspé pour 2026 (MTQ, 2023).
Le territoire compte également deux aéroports, soit celui de Bonaventure et celui de Grande Rivière (MRNF, 2018c). Ce dernier n’est pas classé formellement dans le réseau aéroportuaire du Québec.
Faits saillants de l’état de la ressource eau et de ses usages
La ressource en eau de la ZGIE Gaspésie-Sud est soumise à de nombreuses pressions, provenant principalement des activités anthropiques et des changements climatiques. Tandis que l’état de la ressource n’est pas entièrement connu sur ce vaste territoire, plusieurs suivis et évènements permettent d’identifier les faits saillants de l’état de la ressource en eau dans la ZGIE.
Changements climatiques
Selon le consortium scientifique Ouranos (2020), les changements climatiques auront plusieurs impacts sur le climat de la Gaspésie. Ainsi, les changements climatiques causeraient une augmentation de la moyenne des températures annuelles, une hausse de la quantité de précipitations liquides, une diminution du nombre d’événements de gel-dégel et une augmentation, à la fois en fréquence et en sévérité, des épisodes de pluies extrêmes. Plusieurs de ces changements sont déjà perceptibles dans le climat actuel, tels qu’une saison froide plus courte et tardive, une augmentation des épisodes de pluies intenses, ainsi qu’un été plus chaud, avec davantage de vagues de chaleur (Ouranos, 2020). Ces changements pourraient se traduire dans le régime hydrique par une augmentation des épisodes d’étiage estival, de sécheresse dans les zones agricoles, de la fréquence et de la sévérité des inondations, ainsi qu’une accélération du phénomène de l’érosion.
Inondation
Dans les dernières années, plusieurs inondations ont été observées sur la ZGIE. En décembre 2010, des inondations sont survenues le long de la Petite rivière Cascapédia, affectant particulièrement le Camp Melançon et le secteur de Saint-Edgar. En avril 2018, les crues printanières ont emporté un pont de la route 299, isolant plusieurs habitations et bloquant la circulation sur ce lien pendant plusieurs semaines. Une trentaine de résidents de la municipalité de Maria ont aussi dû être évacués lorsqu’un ponceau a été emporté par les flots (Radio-Canada, 2018). En décembre 2020, d’importantes précipitations ont provoqué des dommages dans des secteurs habités des rivières Nouvelle, Verte, Cascapédia, Petite rivière Cascapédia et Bonaventure (Radio-Canada, 2020).
Le MELCCFP exploite trois stations hydrométriques sur la ZGIE, soit sur les rivières Nouvelle, Petite rivière Cascapédia et Bonaventure (Expertise hydrique et barrages, 2023). Selon les données recueillies depuis 1982, plusieurs débits maximaux ont été observés sur ces trois rivières, par exemple sur la rivière Bonaventure (voir Figure 4). En effet, lors d’un épisode de pluie extrême menant à plusieurs inondations, un débit maximal de 1 089 m3/s a été enregistré le 2 décembre 2020 à la station hydrométrique de la rivière Bonaventure tandis que le débit médian de la rivière pour cette date est de 32,12 m3/s (Expertise hydrique et barrages, 2023).
L’Atlas hydroclimatique du Québec montre qu’une augmentation du débit journalier maximal est probable sur un horizon de 2011-2040 pour plusieurs rivières, à la fois en sévérité et en fréquence (MELCCFP, 2022b). Les rivières dans l’ouest de la ZGIE sont particulièrement touchées par ces prévisions, soit les rivières Nouvelle, Stewart, Verte, Cascapédia, Petite rivière Cascapédia, et Bonaventure (MELCCFP, 2022b).
Figure 4 : Données du débit maximal annuel (m3/s) observées sur trois rivières de la ZGIE Gaspésie-Sud (Expertise hydrique et barrages, 2023)
Étiage
Le MELCCFP a développé en 2022 un indice de disponibilité en eau actuel et futur pour plusieurs bassins versants de la ZGIE (bassins de plus de 100 km2), visant à établir un portrait de la vulnérabilité des rivières aux périodes d’étiage (MELCCFP, 2021b). Selon cet indice, le bassin versant de la rivière Paspébiac est le seul territoire subissant présentement des épisodes d’étiage « modéré » en période estivale-automnale. Cette situation pourrait s’aggraver avec les changements climatiques, selon les prévisions élaborées pour un horizon de 2071-2100, pouvant potentiellement passer vers un état sévère. Tandis que tous les autres indices pour les bassins versants étudiés sur le territoire présentent un état actuel d’étiage « modéré à faible », ceci pourrait s’aggraver vers des étiages modérés pour plusieurs bassins versants de l’est de la zone, tel que Petit Pabos, Grand Pabos Ouest, Port-Daniel, Grande Rivière, Hall et Duval (MELCCFP, 2021b).
Qualité de l’eau
La qualité de l’eau se définit par son aptitude à permettre un usage spécifique ou le bon fonctionnement d’un écosystème aquatique. Cette qualité est déterminée par ses caractéristiques physicochimiques, biotiques et organoleptiques. Par l’entremise du Réseau-Rivières, le MELCCFP réalise, depuis 1979, un suivi de la qualité de l’eau des principales rivières du Québec. Ce suivi est effectué sur six rivières du territoire : Grande Rivière, Petit Pabos, Paspébiac, Bonaventure, Petite rivière Cascapédia et Nouvelle (MELCCFP, 2019b). Le tableau 3 montre les résultats de l’indice de qualité bactériologique et physicochimique de l’eau (IQBP)* médian de 2013-2015 et de 2020-2022. La qualité des rivières suivies dans la ZGIE est bonne, ayant toutes une classe A et leur qualité est relativement stable dans le temps. La rivière Paspébiac a enregistré la plus grande variation entre ces deux périodes, passant d’une cote de 91 à 95 sur une échelle de 100. Ceci est notamment relié à une diminution de la concentration moyenne en coliformes fécaux, qui était de 157 mg/L lors de la période 2012-2014 et de 29 mg/L pour la période 2020-2022 (MELCCFP, 2019b).
* L’indice de qualité bactériologique considère six variables soit l’azote ammoniacal, la chlorophylle a totale, les coliformes fécaux, les matières en suspension, les nitrates-nitrites et le phosphore total. L’IQBP peut varier entre 0 et 100 et considère cinq classes de qualité (A à E).
Tableau 3 : Indice de qualité bactériologique et physicochimique (IQBP) pour six rivières de la ZGIE Gaspésie-Sud (MELCCFP, 2019b)
Cours d'eau | IQBP médian 2013-2015 | IQBP médian 2020-2022 | Station d’échantillonnage | ||||
Rivière Nouvelle | 94 (A) | 94 (A) | Au pont de la route Miguasha à Nouvelle | ||||
Petite rivière Cascapédia | 94 (A) | 95 (A) | Passerelle piétonne en aval de la route 132 à New Richmond | ||||
Rivière Bonaventure | 96 (A) | 96 (A) | Au pont du Rapide Plat (8 km en amout de la route 132 à Bonaventure) | ||||
Rivière Paspébiac | 91 (A) | 95 (A) | Au pont de la route Tennier au nord de Hope Town | ||||
Rivière Petit Pabos | 96 (A) | 96 (A) | Au pont de la route de Petit-Pabos à Chandler | ||||
Grande Rivière | 96 (A) | 97 (A) | À 1,5 km en amont de la route 132 à Grande-Rivière |
Le Réseau de surveillance volontaire des lacs (RSVL) est un suivi effectué sur certains lacs de la ZGIE. Celui-ci sert à mesurer la qualité de l’eau et à établir le niveau trophique des lacs*, qui fait référence au vieillissement naturel ou anthropique des lacs. Dans la ZGIE, trois lacs ont bénéficié de ce suivi en date de l’été 2023 (MELCCFP, 2018d). Le lac Ménard, situé dans les municipalités de Paspébiac et Saint-Elzéar, est suivi depuis 2021, et il est classifié comme ayant un stade trophique oligotrophe. Le lac de la Ferme, situé dans le territoire non organisé de la MRC de Bonaventure, est suivi depuis 2022. Son état trophique se situe également dans la classe oligotrophe. Enfin, le lac Vachon, situé à Chandler, a été suivi en 2011, 2021, 2022 et 2023. En 2011, le lac était au stade méso-eutrophe, en 2021 il était au stade mésotrophe tandis qu’en 2022, le lac était considéré oligo-mésotrophe. Cette variation est notamment liée avec une diminution de la concentration moyenne de chlorophylle a et de carbone organique dissous mesurés dans le lac (MELCCFP, 2018d).
* Les trois grands niveaux trophiques sont : oligotrophe (pauvre en nutriments, bien oxygéné), mésotrophe (stade intermédiaire) et eutrophe (riche en nutriments, forte en production végétale) (MELCCFP, 2023b).
Perte et dégradation des milieux humides et hydriques
Selon les données compilées par le MELCCFP pour la période allant du 16 juin 2017 au 31 décembre 2022, les autorisations ministérielles pouvant potentiellement impacter les milieux humides et hydriques touchaient 128 170 mètres carrés de ces milieux (MELCCFP, 2023c) (voir Tableau 4).
Tableau 4. Portrait des autorisations ministérielles délivrées pour des projets affectant les milieux humides et hydriques (MELCCFP, 2023c)
MRC | Transport | Institutionnel | Résidentiel | Industriel | Commercial | Foresterie | Total | |
MRC Avignon | 1 895 | 2 988 | - | - | 1 302 | 259 | 5 273 | |
MRC de Bonaventure | 18 017 | - | 3 289 | 2 021 | - | 734 | 24 061 | |
MRC du Rocher-Percé | 90 633 | 8 203 | - | - | - | - | 98 836 | |
Total | 11 0545 | 11 192 | 3 289 | 2 021 | 1 302 | 993 | 128 170 |
Dans la ZGIE, l’état actuel des bandes riveraines des cours d’eau est peu documenté, à l’exception de la rivière Bonaventure, où une évaluation en territoire municipalisé a été réalisée par le Conseil de l’Eau Gaspésie Sud en 2013 et 2015. Sur la rivière Bonaventure, 65 % de la bande riveraine était dans un état excellent, soit avec un indice de la qualité des bandes riveraines (IQBR) supérieur à 90 sur une échelle de 100 (CEGS, 2013). Dans les zones habitées, les normes préconisées par la MRC de Bonaventure étaient faiblement respectées et l’aménagement des terrains en bordure de l’eau influençait la qualité des bandes riveraines. Ce sont donc 4,5 km (8 %) de rives qui avaient un indice faible et 1 km (2 %) de rive qui avait un IQBR très faible. Ces secteurs étaient souvent dominés par de la pelouse ou du sol à nu. Deux murets de protection ont aussi été observés lors de cet inventaire (CEGS, 2013).
En 2020, le CEGS a réalisé un inventaire de l’IQBR de cinq lacs. Celui-ci était excellent pour le lac Sansfaçon (92,3) et le premier lac Duval (90,1), tandis qu’il était bon pour le lac Ménard (78,2), le deuxième lac Duval (78,6) et le lac de la Ferme (89,1). Les principales perturbations observées étaient la présence de pelouse ou d’infrastructures.
Principaux usages de l’eau
Usages municipaux
Il y a un total de 18 réseaux municipaux d’approvisionnement en eau potable dans la ZGIE, desservant 80 % de la population, soit 35 497 personnes d’une population de 44 574 (MELCCFP, 2023d). Parmi ces systèmes, 14 d’entre eux sont approvisionnés par des puits d’eau souterraine tandis que le système de Gascons, desservant 120 personnes, utilise un puits considéré d’eau de surface en raison de sa profondeur. Le secteur Newport-Pabos Mills de la Ville de Chandler puise son eau dans la rivière Grand Pabos Ouest tandis que la municipalité de Sainte-Thérèse-de-Gaspé et la ville de Grande-Rivière s’approvisionnent en eau de surface à partir de la Grande Rivière (MELCCFP, 2023d).
Les eaux usées municipales de la ZGIE sont traitées par 20 stations d’épuration (MELCCFP, 2019c). Parmi ces stations, sept d’entre elles se déversent dans la baie des Chaleurs ou le golfe du Saint-Laurent, cinq se déversent dans une rivière à saumon (Nouvelle, Petite rivière Cascapédia, Bonaventure, Grand Pabos) et cinq stations se déversent dans une rivière (Henri-Bourdages, Verte, Saint-Siméon, Paspébiac). La majorité des systèmes utilisent des étangs aérés ou non pour le traitement des eaux usées, à l’exception de la ville de Percé qui utilise des disques biologiques, ainsi que Caplan et Chandler secteur Newport qui utilisent seulement des dégrilleurs fins.
Usages récréatifs
Les rivières et les lacs de la ZGIE sont des attraits importants pour la région, autant pour les résidents que pour les visiteurs. Plusieurs plans d’eau de la ZGIE se prêtent à la pratique de loisirs, tels que la baignade, la plongée en apnée, la planche à pagaie, le canot et le kayak. Certaines rivières sont aussi réputées internationalement pour la qualité de l’expérience de pêche. Selon le Bilan de la situation du saumon atlantique et son exploitation en Gaspésie en 2022, la pêche au saumon a représenté 18 831 jours-pêche sur le territoire Gaspésie-Sud, une augmentation notable en comparaison avec à la fréquentation de 2012, qui était de 14 063 jours-pêche (MELCCFP, 2023c). En 2010, les retombées économiques des activités récréatives pour la Gaspésie étaient évaluées à 45 760 000 $ (Consultants O.P.R, 2014).
En Gaspésie, la pêche sportive se pratique en territoire libre, mais également en territoire faunique structuré. La ZGIE comprend cinq réserves fauniques, incluant les rivières à saumon Cascapédia et Port-Daniel, qui couvrent 871 km2 de la zone (MRNF, 2019c). Il y a également sept zones d’exploitation contrôlée (ZEC) totalisant 236 km2, dont cinq sont linéaires sur des rivières à saumon (Petite rivière Cascapédia, rivières Nouvelle, Bonaventure, Pabos Ouest, Grand Pabos, Petit Pabos et Grande Rivière). Finalement, une pourvoirie à droits exclusifs de 5,5 km2 exploite le lac Robidoux et le Petit lac Robidoux tandis qu’une aire faunique communautaire de 0,17 km2 est présente sur la rivière Bonaventure (MRNF, 2019c). Certains de ces territoires permettent également la pratique d’autres activités telles que la chasse, le piégeage, la randonnée, le canot, le kayak, etc.
Les plans d’eau de la ZGIE ont vu leur vocation évoluer au fil des dernières années. Ils attirent de plus en plus d’adeptes d’activités aquatiques. Ainsi, la multiplication de ces activités peut venir augmenter de façon significative l’achalandage sur certains plans d’eau. La rivière Bonaventure, la rivière du Portage, le lac des Sept-Îles et le lac de la Ferme sont quelques plans d’eau où des conflits d’usage sont présents. Ces situations peuvent d’ailleurs affecter la qualité des expériences de plein-air vécues. Des lacunes en matière d’encadrement de la pratique d’activités récréatives sont, à certains égards, à l’origine de toutes sortes de situations problématiques : accidents, comportements déplacés, déchets disséminés dans le milieu, non-respect des propriétés privées et autres.